L'insoumise-ELIZABETH LOWELL.pdf

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Titre original :
UNTAMED
Avon Books, New York
Copyright © 1993 by Two of a Kind, Inc.
Publishea by arrangement with Two of a Ivind. Inc.
Pour la traduction française :
© Éditions J'ai lu. 1996
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Au temps du roi Henri F r Beauclerc, dans les
Marches de l'Angleterre du Nord, un printemps...
Enfin le son d'un cor résonna pour annoncer
l'arrivée du nouveau seigneur de Blackthorne
Keep.
Une forme noire s'élança hors de la brume... un
chevalier en armure juché sur un grand étalon.
Homme et animal semblaient n'être qu'un seul et
même corps dont émanait une formidable puis-
sance.
— On dit qu'il est le diable, ma dame, murmura
Edith.
— C'est ce que l'on dit de tous les chevaliers
normands, répliqua Meg à sa dame de compagnie,
mais parmi eux il doit bien y en avoir certains qui
ont le cœur bon et généreux.
Edith étouffa un petit rire.
— Non, maîtresse. Il n'y a qu'à regarder votre
fiancé engoncé dans sa cotte de mailles et monté
sur cette bête sauvage. D'ailleurs, on parle d'une
guerre prochaine.
— Il n'y aura pas de guerre. C'est la raison de
mon mariage... je veux que s'achèvent ces effu-
sions de sang.
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— Détrompez-vous. Un mariage n'empêchera
jamais une guerre, prédit Edith avec une certaine
satisfaction mêlée de haine. Mort aux envahisseurs
normands !
— Tais-toi, la pria Meg.
Edith fit la moue mais ne renchérit point.
Depuis une haute fenêtre du donjon, à demi fer-
mée par une tenture, Meg scrutait l'horizon pour
tenter d'apercevoir l'escorte qui devait, selon la
coutume, accompagner son futur époux.
Mais elle ne vit que des volutes de brume s'éle-
ver au-dessus des champs à l'orée de la forêt.
A mesure qu'il approchait, le cavalier semblait
de plus en plus impressionnant. Il chevauchait
seul, à découvert, ne semblant craindre rien ni
personne.
— C'est vraiment le diable en chair et en os,
déclara Edith en se signant. J'ai peur pour vous,
maîtresse, pour vous d'abord !
— Je suis la dernière d'une lignée fière et
ancienne, dit Meg d'un ton sévère. Ce n'est pas un
étranger normand qui va faire trembler une fille
Glendruid.
Pourtant un frisson de peur la parcourut. Plus
Dominique le Sabre approchait, plus les paroles
de sa suivante lui semblaient justes.
— Dieu vous garde! Car pour ce qui est du
diable, il le sera ! grommela Edith qui, à nouveau,
se signa.
Avec un calme apparent, Meg regarda venir ce
fier cavalier — celui qui, par son mariage, allait
devenir le maître de l'immense domaine dont elle,
dame Margaret de Blackthorne, hériterait bientôt,
son père étant à l'agonie.
Voilà ce qui avait attiré, de Jérusalem aux
Marches du royaume d'Henri I e r Beauclerc, ce
fameux chevalier, comme tant d'autres jeunes gens
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de la noblesse écossaise qui, appâtés par le formi-
dable héritage, avaient demandé sa main. Mais
Guillaume II d'abord, puis Henri I e r n'avaient
jamais donné leur aval.
Jusqu'à maintenant.
Intriguée, Meg observa ce roturier normand
devenu baron anglais. Il ne chevauchait sous
aucune bannière, ne portait aucun emblème sur
son bouclier. Son heaume était fait d'un métal
aussi noir que la robe de son destrier. Son long
manteau flottait au vent. La jeune fille pensa que
l'homme avait quelque chose d'étrange... Seul,
sans porter les couleurs d'une maison, il devait
cependant être un favori du roi. Et, lorsqu'il serait
son mari, il posséderait plus de terres encore que
le plus grand des barons !
— Il est extraordinairement bâti, dit Edith. Ne
vous effraie-t-il pas ?
Bien que le chevalier noir n'eût pas une allure
rassurante, Meg se refusait à l'avouer: elle avait
plus peur encore des railleries et des commérages
de ses domestiques.
— Non, il ne m'effraie pas, finit-elle par ré-
pondre. Il a l'air de ce qu'il est: un chevalier en
cotte de mailles chevauchant son destrier. Rien de
plus habituel !
— Dire qu'il n'était qu'un vil guerrier et que,
tout à coup, il devient l'un des favoris du roi...
Même s'il ne possède pas de terres, on dit qu'il est
un grand seigneur, ajouta Edith.
— Baron Dominique, dit le Sabre, murmura
Meg. Roturier ou noble, il a sauvé le fils d'un baron
des mains des Sarrasins. La rumeur court égale-
ment que sans lui la croisade du frère du roi se
serait tragiquement terminée. Un roi avisé sait
récompenser de tels guerriers.
— Par des terres saxonnes, rétorqua Edith.
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